Renault Group

Chrono 115, épisode 9 : la création de la direction du design industriel (DDI)

21 janvier 2014
Le terme de design n’apparait chez Renault qu’en 1988, lorsque Patrick le Quément, designer qui a commencé sa carrière chez Simca, puis occupé chez Ford et Volkswagen-Audi des fonctions à responsabilités, est invité par le président Raymond-H. Lévy à diriger ce qu’on appelle encore le Style Renault. M. Lévy souhaite, en donnant au style un rôle plus important, redresser l’image de Renault. Patrick le Quément a carte blanche : il crée la direction du design industriel (DDI), avec une organisation et des méthodes radicalement nouvelles.
par Renault Group

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P. le Quément (à droite) et Raymond-H. Lévy, derrière le concept-car Laguna en 1990.

Bref retour en arrière…

Dans la première moitié du 20e siècle, ce sont les dessinateurs industriels du Bureau d’études, avec l’appui de carrossiers extérieurs (pour le haut de gamme), qui dessinent les voitures. Dans les années 50, lorsque le besoin de spécialistes de l’esthétique industrielle se fait sentir, Renault fait appel à des consultants extérieurs prestigieux, comme l’Italien Ghia ou le Français Charbonneau. Ce n’est qu’en 1961 qu’est créé le Style Renault : dirigé par Gaston Juchet, il devient un service indépendant de la Carrosserie tout en restant sous les ordres du directeur des Études. En 1975, Robert Opron, venu de Citroën, prend la tête du Style, et crée trois services : extérieur, intérieur (dont une personne dédiée aux couleurs-matières), et diversification (camions, cars, bus…). Le Style Renault accède au statut de « direction » en 1984, et Gaston Juchet en reprend les rênes.

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Gaston Juchet, figure majeure du Style Renault des années 1960 à 1980.

Du style au design…

En 1988, la première réforme de Patrick le Quément consiste à renommer la direction du Style. Le style consistait à mettre de l’esthétique sur des architectures et des ensembles mécaniques conçus par un Bureau d’études essentiellement préoccupé par la technique – ce qu’un directeur de ce même Bureau d’études appelait dans les années 1960 « l’art d’habiller le bossu »… En changeant de nom, c’est une nouvelle vision du métier, et un changement de pratique professionnelle qu’insuffle le nouveau directeur. La forme et la fonction deviennent indissociables.

 "Qu’est-ce que le design : c’est créer les formes des nouveaux modèles, dessiner, peindre, modeler, maquetter, mais c’est aussi, et c’est absolument essentiel, participer à tout le projet, être là du début à la fin, depuis l’élaboration du cahier des charges et la réflexion sur les architectures et les implantations mécaniques, jusqu’au terme du processus de développement des produits : la fabrication." – Patrick le Quément, directeur du design industriel Renault de 1987 à 2009.

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« L’habillage du bossu » vu par Gernot Bracht, alors designer chez Renault

Une nouvelle organisation

Les trois services du design automobile sont mis au même niveau : extérieur, intérieur et couleurs-matières (sorti du précédent). La Twingo, première voiture créée par la nouvelle DDI, témoigne bien de rôle considérable donné au design couleurs-matières.Deux nouveaux services sont créés. Un service design avancé, pour travailler en amont des autres services : il prépare les études de ceux-ci (soit 5 à 7 ans avant la sortie d’un modèle), mène des études secrètes de véhicules ou de systèmes, conçoit et construit des concept-cars. En aval, le design qualité veille en particulier sur la qualité perçue et la qualité culturelle – qui marque l’appartenance des produits à l’identité culturelle et aux valeurs de l’entreprise. Nous sommes en effet en pleine démarche de « Qualité totale » (voir Chrono 115, épisode 1).

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Dessins d’époque : l’organisation du design… avant et après.

Enfin, les designers sont intégrés à tous les niveaux d’un projet véhicule. Ils interviennent dès le cahier des charges en collaboration avec le Produit et les Études, réalisent dessins et maquettes, interviennent à toutes les phases du développement. Ils suivent ainsi le projet jusqu’à l’industrialisation. Le design devient industriel, à part entière.

"Le designer, en automobile, est par essence l’homme d’une équipe pluridisciplinaire. […] Le designer peut très bien commencer par œuvrer dans son coin comme un artiste, mais cette première démarche solitaire doit obligatoirement déboucher sur le travail en équipe : le designer est obligatoirement un homme d’équipe" - Patrick le Quément.

Des ambitions supérieures, des moyens supplémentaires

Malgré les difficultés financières que traverse encore l’entreprise en cette fin d’années 1980, le président Lévy donne à la DDI les moyens de réussir. À l’exception des équipes en charge des développements intérieurs et couleurs-matières, restées à Rueil, celle-ci s’installe sur 22 000 m² d’ateliers désaffectés sur le berceau historique de Renault : le Trapèze, près de l’île Seguin à Boulogne-Billancourt. Chaque service dispose de ses studios de design et de maquettage. Dès 1988, le design est à la pointe de la technologie numérique, et les studios s’équipent en CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur), un outil qui permet de raccourcir considérablement les cycles de développement.

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Le CFAO de la maquette numérique (Z02, Scénic 1991)

Un autre choix précurseur est celui de l’internationalisation. Les équipes s’étoffent rapidement et rassemblent désormais des designers de multiples nationalités. Elles mettent ainsi en commun des cultures et des regards diversifiés sur l’automobile. Cette tendance franchira un cap supplémentaire en 1999 : tandis que la DDI est déjà installée au Technocentre (Guyancourt) depuis deux ans, au plus près des autres métiers, Renault ouvre deux premiers centres « hors les murs » – Renault Design Barcelone puis Renault Design Paris en 2000. D’autres suivront en Corée (2003), en Inde (2005), en Roumanie et au Brésil (2007).  Leur vocation : diversifier les sources de création et placer les designers au cœur des tendances des nouveaux marchés de Renault. Ils sont aussi le moyen d’offrir des parcours de carrière diversifiés et évolutifs.

Nom de code : Z. Une politique de concepts-cars.

Dès sa prise de fonction, Patrick le Quément décide de lancer, tous les 18 mois environ, un nouveau concept-car. Ces véhicules mettent en évidence la créativité, aussi bien en matière d’architecture que de style, le savoir-faire, l’avance technologique, en même temps que la passion qui anime ses concepteurs et les pistes sur lesquelles ils avancent. Ils sont aussi, pour les designers, le moyen d’accumuler de l’expérience sur des sujets courts et libérés de la contrainte industrielle. Mais ils sont avant tout des vecteurs de communication : appelés aussi véhicules images, « ils sont chargés de diffuser une image valorisante de l’entreprise, de sa créativité, technologique, design et bien sûr stylistique, de sa volonté d’innovation », précise le directeur du design industriel. Ainsi chacun des « Z », prototype roulant unique, est souvent accompagné d’un film d’images de synthèse, et médiatisé au maximum.

De  Z01 (Scénic) jusqu’à Z29 (Initiale Paris) en 2013, la gamme des Z n’a jamais cessé de s’enrichir…

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Z02 - Laguna - 1990
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 Z01 intérieur- Scénic - 1991

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Z07 - Fiftie - 1996

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Z09 - Vel Satis - 1998

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Z10 - Koleos - 2000

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Z15 - Wind - 2004
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Z16 - Fluence - 2004

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